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Un chantier d’archéologie préventive en Guyane

Partir en Guyane

Mai 2022, Matisse reçoit un appel. On lui propose un CDD d’un mois en archéologie. C’est son premier contrat. Il ne veut pas rater cette première opportunité. Le petit hic ? Le chantier est en Guyane. Le deuxième petit hic ? Il doit y être dans 10 jours. Mais est ce qu’il a accepté sans trop réfléchir ? Évidemment. Commence alors la folle course des papiers administratifs pour rédiger le contrat, il prend un rendez-vous médical en urgence pour le vaccin contre la fièvre jaune qui est obligatoire là bas, il met deux trois vêtements dans une valise et direction l’aéroport pour 5 semaines en Guyane.

Fouiller avec l’INRAP (institut national de recherche en archéologie préventive) en Guyane, dans ce département d’outre-mer, à 9h d’avion et avec un décalage horaire de 6h, c’est fouiller avec un climat très chaud et humide, tomber sur des risques différents que ceux que l’on peut croiser en métropole mais également avoir un décor magnifique. Fouiller là bas c’est aussi ce que l’on appelle vulgairement « un très grand dép ». C’est à dire un déplacement professionnel suffisamment loin pour que rentrer le week-end ne soit pas une option.

Cette opportunité, c’est un premier contrat professionnel. Il se lance alors le défis de partir loin de chez lui, seul. Il va pouvoir faire de nouvelles rencontres professionnels et profiter de la Guyane les weekend. Et puis, quel étudiant en archéologie ne rêve pas d’avoir, en job d’été, un boulot dans sa branche d’étude ? 

Des Playmobils à la préventive

A-t-il toujours su qu’il voulait faire de l’archéologie ? Il le pense oui. En tout cas quand il était petit il répétait à qui voulait l’entendre que quand il serait grand il serait soit boulanger soit archéologue. En grandissant avec les Astérix, les playmobiles et les documentaires d’histoire et d’archéologie, son orientation professionnel après le bac était légèrement prévisible. 

Je profite de cet article pour diriger mes pensées à ses parents qui se sont retrouvés avec des trous creusés par Matisse dans leur jardin car il jouait à l’archéologue. Mais imaginez la tête de ce dernier quand en un début d’après-midi il a trouvé une pièce dans son jardin. Rassurez-vous, lorsqu’il a vu la propreté de la pièce où il pouvait nettement lire « pièce de 2 euros française » avec une date récente, il a très vite compris que c’était juste sa soeur qui avait eu pitié de lui.  

Aujourd’hui c’est donc tout naturellement que matisse arrive à la fin de sa licence d’archéologie et qu’il souhaite, pour son master, se spécialiser en protohistoire. Il a eu l’occasion d’aller sur le terrain à partir de sa L1 et il ne cesse depuis d’apprendre. C’est ainsi qu’en juin 2022 il a eu l’occasion de s’envoler direction la Guyane, pour réaliser son premier chantier en préventive.

En archéologie il est toujours bon d’être curieux. Si vous n’avez pas peur de bouger loin, vous pourrez découvrir de nouveaux paysages. Elle peut vous faire vivre des expériences auquel vous n’auriez peut-être pas pensé. De belles opportunités peuvent arriver en archéologie, du moment qu’on y est attaché.

Une journée type sur un chantier préventif en Guyane

Avec ce très grand dép, Matisse était logé à l’hôtel. En effet, l’avantage de partir aussi loin, c’est qu’on a les repas et le logement pris en charge, et si il faut avancer les frais, ils sont remboursés par la suite. Plusieurs CDD présent en même temps que lui étaient logés dans le même hôtel et c’était bien pratique pour se retrouver le matin. Une voiture de fonction était mis à disposition, surtout que le chantier semblait un peu loin de leur lieu de couchage.

conseil : N’hésitez pas à postuler dans le préventif si vous êtes majeur et que vous avez le temps, c’est comme ça que l’on apprend le plus et que votre CV devient rapidement intéressant. C’est après un stage d’une semaine avec l’INRAP obtenue par un de ses professeurs que Matisse a pu mettre un premier pas dans le milieu de la préventive. À ce moment là il n’avait que 19 ans, qu’un seul mois d’expérience, et n’était qu’en deuxième année de licence d’archéologie mais son responsable durant son stage lui a tout de même conseillé d’envoyer son CV et cela a payé puisque 3/4 mois après ils l’ont rappelés. 

La journée commençait donc à 7h30 en retrouvant ses collèges pour être sur le terrain à 8h. Ils fouillaient jusqu’à 10h. Pause de 30 minutes. Puis pause déjeuné à 12h pour un reprise à 13h30. Ils reprenaient alors sans pause jusqu’à 16h. Fin de journée. 

Mais si cette journée type ressemble beaucoup à ce que l’on peut rencontrer sur un chantier en métropole, Matisse m’a raconté avoir eu beaucoup de mal à s’adapter au climat les premiers jours. En effet, la Guyane ne fait jamais dans la demi-mesure : soit il pleuvait, soit ils faisaient 35°C. Quand il y avait trop d’intempéries, le travail s’effectuait en base (c’était principalement du lavage de mobiliers ou de l’enregistrement de mobiliers d’anciennes fouilles). Et si en métropole on peut rencontrer des « horaires canicules », c’est à dire qu’on adapte les horaires pour ne pas fouiller aux heures les plus chauds, en Guyane ce n’était pas le cas, tout simplement car « l’heure la plus chaude » c’est un peu tout le temps. 

Les activités archéologiques sur place 

Le travail était réparti selon la météo. Si il pleuvait, direction la base pour de la post-fouille. C’était principalement du lavage mais du mobiliers de diagnostiques récents. Il n’a pas participé à la post-fouille du chantier car ça a été entamé après son retour en métropole. Il a également pu participer au rangement de la bibliothèque de la base car cette dernière déménageait pour de nouveaux locaux; ainsi qu’au chantier de collection, c’est à dire au rangement et à l’inventaire du mobilier de fouilles anciens qui doit être ré-enregistré. 

Quand il faisait beau, direction le terrain. La fouille réalisée là bas était sur les fondations d’un ancien hôpital moderne/contemporain. C’était une fouille de bâti avec principalement de la maçonnerie, des TP (trous de poteaux), des briques. 

Mais si il faisait beau la journée, la météo était, comme je l’ai évoqué précédemment, très changeante. Il y avait tout le temps de la boue ce qui les obligeait à re-nettoyer sans cesse le terrain. Ils devaient fouiller très rapidement. Un sondage commençé devait souvent être fini dans la journée car ils ne pouvaient pas prendre le risque qu’il repleuve dessus pendant la nuit. Ils prenaient également beaucoup de relevés photogrammétrique et des photos par drone tous les soirs en prévision du lendemain si le temps changeait pendant la nuit, surtout qu’ils avaient la chance d’avoir un spécialiste sur le terrain.

La joie de l’humidité

Matisse a mis une semaine à globalement prendre le rythme. Toutefois, il a eu une petite surprise à la fin de celle-ci. Le terrain où il fouillait était très boueux, surtout qu’il était là bas en pleine saison des pluies, rendant l’atmosphère assez humide. Ainsi, le deuxième jour où il s’est rendu sur le chantier, c’était après trois jours en base car les conditions ne le permettaient pas, il a eu une petite surprise dans les vestiaires. En effet, il a eu la joie de voir qu’une petite colonie de moisissure avait pris possession de ses chaussures de sécurité. Elles étaient restées toute une nuit dans un algéco qui servait de vestiaire et qui n’était pas climatisé. 


Cet échange avec Matisse se finit ici. J’espère que cette lecture vous aura donnée envie de tenter votre chance en archéologie préventive.

En attendant, si vous souhaitez découvrir l’archéologie et/ou vous rendre sur le terrain pour la première fois, je vous invite à aller lire mon ebook « comment réussir son premier chantier archéologie ? ». Si non, n’hésitez pas à venir vous abonnez à mon compte Instagram.

Si vous aussi vous avez des anecdotes de vie de chantier ou en lien avec le milieu de l’archéologie envoyez moi un mail à : contact@fouille-lhistoire.com.

La photo de présentation a été prise par Matisse lors d’une excursions un weekend.

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